Restaurant social de Bastia : des repas gratuits "comme dans un trois étoiles"

Entrée, plat chaud, dessert, café, « et quelques friandises si on en a ». Voilà ce que propose depuis 2017 le restaurant social solidaire de Bastia, situé dans la cour du Sacré Cœur. Tous les midis, à raison de cinq jours par semaine, Erica Meloni -la seule salariée- et quelques bénévoles font ainsi vivre ce lieu d’accueil, et fournissent des repas gratuits aux plus démunis. « Ce ne sont pas vraiment des Corses qui viennent, mais plutôt des étrangers », note celle qui chapeaute l’organisation du lieu. « Je pense qu’ils ont un peu honte. Mais il ne faut pas, on pourrait vraiment avoir plus de monde. »

En général, les usagers proviennent soit du foyer de Furiani, soit de l’association A Fratellanza, qui s’occupe également des personnes en détresse. « Les gens peuvent venir sans prévenir, il n’y a pas besoin de recevoir une validation par quelqu’un », explique Erica Meloni. « Ça marche vraiment à l’honnêteté. L’idée, c’est quand même d’aider ceux qui ont des vraies difficultés économiques. » Et si la capacité maximale d’accueil est fixée à 40 couverts, le restaurant social solidaire de Bastia reçoit en moyenne en vingtaine de personnes par jour en ce moment. Un chiffre toutefois variable.

Le manque de visibilité nécessite donc une organisation rigoureuse, et surtout une bonne gestion des stocks. Car Erica Meloni doit également composer avec des arrivages irréguliers. « C’est la société Corse centrale de restauration qui nous fournit gratuitement. Il s’agit en fait des repas en trop dans les cantines et les maisons de retraite. Je les récupère la veille, et je peux ensuite les distribuer sous deux ou trois jours. Mais c’est très inégal, comme ce sont des restes, on peut recevoir 40 repas un jour, et seulement 10 le lendemain. » D’où l’importance de l’organisation.

Du côté des clients, la satisfaction est totale, comme l’expliquent Hocine et Hamed, deux Algériens qui ont pris l’habitude de déjeuner ensemble. « Pendant le chômage, on vient ici, et quand on a du travail, on se débrouille. Là, ça me dépanne depuis le confinement », raconte Hocine, le plus loquace du binôme. « Ça nous aide beaucoup. Quand on n’a pas de travail, c’est difficile de faire la marmite chaque jour. Ici, les gens sont gentils, c’est comme un restaurant trois étoiles ! Il ne nous manque rien, on peut demander ce qu’on veut. »

Même son de cloche chez Thérèse, qui a découvert l’association par le bouche à oreille. « Je viens tous les jours, j’aime bien. C’est agréable de parler avec tout le monde. » Le lien social est en effet l’un des points forts du lieu, puisqu’en dehors de leurs activités de cuisine, Erica Meloni et son équipe de bénévoles prennent également du temps pour échanger avec les habitués.

Mais malgré le bon fonctionnement du restaurant social solidaire de Bastia, ses gérants savent qu’ils marchent sur un fil. « On a des subventions de la mairie et de la communauté de communes, mais on est en recherche permanente d’aides financières », reprend Erica Meloni. « Au niveau du budget, la trésorière me dit qu’on est juste à l’équilibre. On ne paie pas de loyer, donc il n’y a que mon salaire et les charges à gérer, mais si il y a un imprévu, ça peut devenir très compliqué. »

Heureusement, à côté de ce volet financier qui préoccupe, l’association peut bénéficier de la générosité de différents acteurs. Outre la société Corse centrale de restauration, qui fournit les repas, d’autres donateurs apportent des denrées au quotidien. « Les épiceries, les grandes surfaces, les mairies… On reçoit beaucoup de choses, et ça nous permet aussi de donner des produits gratuitement », se satisfait Erica Meloni. « À Noël, on nous a donné des chocolats et des biscuits. On a pu faire des petits sachets pour les distribuer à tout le monde. » En espérant que ça dure.